Voilà six ans que je suis en retraite, je n'en reviens pas. Que le temps passe vite... travail ou pas.
----En effet je suis né bien avant que l'homme ne marche sur la lune et bien avant la vidéo. "Par contre j'ai déjà marché sur la tête, enfin passons" Mais alors que faisait l'homme ou le savant à ce moment là, vers les années 40 / 50 ? Le portable, l'ordinateur n'existaient pas encore !!! enfin pas sous la forme que l'on connaît.
Pour moi, un ordinateur était un évêque qui ordonnait un jeune homme en curé, une puce était un parasite, une sourisétait une petite bébête qu'on laissait filer dans le grenier, un site était un point de vue panoramique, une K7 servait à monter les patates de la cave, lorsque j'ai entendu la première fois parler d'internet, j'ai pensé à une nouvelle entreprise de nettoyage, les mails me rappelaient les rangs de mes chaussettes que ma grand-mère me tricotait, le Web, les GO, les MO, les DVD l' ADSL et j'en passe, c'est des trucs que j'ai appris dernièrement, on me parle de Dégroupage alors que l'on m'a toujours dit de rester groupé, je n'y comprends plus rien, pour SMS, j'aurais pensé à 'Super Métier Somelier' et bien c'est ce que je vais faire maintenant en creusant ma cave !
Les blogs, les cybercafés, copié / collé, discuter dans un chat sur msn, la Freebox c'est quoi tous ces trucs, je croyais le franglais interdit, alors vous comprendrez que tous ces changements techniques me bouleversent et même me renversent, j'ai beau m'adapter, malgré mes efforts je finis par être dépassé et je préfère tirer ma révérence. De ce fait courant 2005 je vais faire ce que tout homme devrait faire, c'est à dire; rien, car le travail n'est pas fait pour l'homme et la preuve, c'est que ça le fatigue.
D'ailleurs en 2005, il me faut laisser la place aux jeunes, c'est la vie. De toute façon j'ai tellement besoin de temps pour ne rien faire qu'il ne m'en reste plus assez pour travailler. Il me reste juste assez de temps pour vous parler, plutôt pour vous écrire ces quelques lignes.
Sur cette photo (en bas) je savoure et j'arrose la retraite. Nous avons fêté ça aussi dans ce château hôtel à Chaumont sur Loire, depuis il a fermé,c'était une bonne façon de marquer l'événement et clore une vie de travail de 45 ans et des poussières.
Et bien voilà, j'y suis à la retraite, je ne l'ai jamais souhaitée car je n'ai jamais demandé à vieillir mais je suis réaliste, j'y suis, j'y reste. Je savoure ce moment nouveau, tout nouveau tout beau, repos absolu et j' essais de m'y faire. Comme d'habitude je vais m'organiser, me rendre utile au moins à moi même. Je n'ai pas encore résolu ce dilemme ; début de nouvelle vie ou fin de carrière ? Peu importe, le plus important est de vivre sa vie, au présent car après c'est trop tard et avant, je ne vous dit pas... !
Je savais que le silence était pesant mais j'apprends vite et n'étant pas encore habitué, je suis toujours sur mes gardes, je laisse toujours un oeil ouvert et j'écoute. Allongé dans mon fauteuil je regarde le ciel, j'aperçois un avion, un deuxième avion très haut, tiens la lune, et pourtant elle est à 350 km, la nouvelle lune certainement et dire que tout là-haut des satellites de communications tournent sans arrêt reliés aux énormes antennes qui nous entourent ça et là. Beaucoup d'objets courent le ciel ! Je fais volontiers abstraction de la pluie, des éclairs, du vent, des oiseaux dès l'instant que
rien ne me tombe sur le nez.
J'ai oublié les courants d'air, des objets non identifiés, les ondes et j'en passe. Je ne parle pas du micro-ondes, non, je parle simplement des ondes qui courent du satéllite à l'antenne sur le terrain de foot et qui relie mon poste de radio, ma télévision,mon téléphone fixe ou portable ou la cibi de mon voisin. Ces ondes qui m'inondent.
Je disais donc, je regarde et j'écoute mais 'qu'entenge' quand les enfants sont au travail, que les petits enfants sont censés être à l'école, au collège ou au lycée. Certains bruits, des faits, des souvenirs me reviennent dans la tête, des bêtises des enfants, certaines colères contre eux, des parties de foot ou autres, des balades ou des vacances en famille, des visites chez les grands parents, des épreuves, des photos, des diapos des cadeaux des rires et des pleurs...oh là là...stop, j'ai dit que j'avais le temps et ça
s'emballe dans ma tête, on croirait une course contre la mort, il faut vraiment s'habituer au temps qui passe sans obligation envers qui que ce soit. Je n'ai jamais eu le temps de me poser des questions, je n'avais pas le temps, ce temps qui me manquait je vais en avoir à revendre ! je prendrai le temps de voir s'écouler chaque heure, chaque minute, chaque seconde, je prendrai le temps de les compter et même de les recompter ces secondes qui m'ont tant manquées.
Fini le temps où il me manquait toujours cinq minutes pour exécuter ma tâche. Maintenant je m'inquiéterai du temps qu'il fait dehors, du temps qu'il fera demain mais peu importe le temps que je prends, le temps que j'attends, le temps qui passe, aurai-je assez de temps ? ce qui est sûr c'est que j'y consacrerai tout mon temps, au moins le temps qu'il me faudra, ce temps, je ne le reprocherai à personne, il sera à moi, à moi seul, il sera gratuit mais il était grand temps.
Sur ma chaise longue, je lis et je savoure ces moments de liberté et de silence. Le soleil aidant je m'endors aussi mais c'est pour mieux écouter le silence à mon réveil. Un jour de printemps allongé sur ma chaise dans le jardin, la journée était sans vent, sans bruit j'écoutais avec insistance ce sifflement dans l'air, comme un léger fourmillement, je voulais entendre je croyais écouter des voix alors je mets mon sonotone, je monte le son et là ! surprise, je capte des communications téléphoniques par milliers entre
téléphones portables certainement, mais je pense reconnaître des voix, mais oui ces voix c'est les petits enfants, c'est Agathe, qui communique avec sa cousine Margot afin de lui apprendre que son frère Rémi a obtenu son premier diplôme, je n'ai pas eu le temps d'écouter le commentaire, mamie ayant crié " à table"...